28.6.11

Padam




Dans un bar
bondé
humide et chaud
dans un bar
bulles à la main
collée
contre
des chairs
inconnues
imposées
j'oublie
dans un rire
que personne
à mon corps
effronté
n'a osé se frotter


La musique
forte
électronique
qui tape
qui tape
cogne mes tympans.
Et tout ce monde
tous ces corps
avancent
et reculent
avancent
et reculent
possédés
ensemble
en tempo
ajusté
par un son
sec
et rêche
grossièrement
dépecé


Mes yeux
croisent
les sourires
les rires
d'amitiés
précieuses
heureuses
d'être là
qui
soudain
ensemble
forment
un cercle
protecteur
autour
tout autour
de moi


Et la musique
toujours
électronique
qui tape
tape
cogne mes tympans.
Toujours le monde
les corps
qui avancent
qui reculent
avancent
et reculent
possédés
en tempo
ajusté
par un son
répété
par son
sec
et rêche
grossièrement
dépecé


Je suis là
et ailleurs
elle me regarde
belle
m'observe
et me tend
deux écouteurs
que j'enfonce
profondément
au dessus
de mes lobes
conduits
ouverts
et suppliants
pavillons
humides
et brûlants
d'une sueur
lourde
épaisse
et fiévreuse


Et c'est là
au milieu
pile au milieu
de ceux
qui
saccadés
de rythmes
électroniques
avancent
et reculent
avancent
et reculent
c'est là
que
invisible
et liquide
me dérobe
sans aucune
résistance
m'en remet
pleinement
aux vibrations
charnelles
qui culbutent
mes oreilles


Je l'entends
sa voix
sa musique
je l'entends
susurrer
des voyelles
des consonnes
des syllabes
des points
et des virgules
des soupirs
des silences
puis
des mots
dominos
qui se plaquent
décalco
à l'ivresse
cérébrale
sensorielle
et physique
triptyque
idyllique


Mes yeux se ferment
mes épaules montent
puis descendent
mes hanches
balancent
ma tête
bascule
doucement
bercée
de poésie
intime
de musique
dédicace
décalée
que je suis
seule
à pouvoir
déceler


Tout autour
encore
la musique
électronique
qui tape
qui tape
cogne leurs tympans
moi
je ne l'entends pas.
Toujours le monde
leurs corps
qui avancent
qui reculent
avancent
et reculent
possédés
en tempo
ajusté
par un son
répété
par un son
sec
et rêche
grossièrement
dépecé


Je les regarde
à contre sens
je suis
à l'envers
contre
le courant
je suis
à ma place
encore
bulles à la main
et
tout entière
dans la sienne
seule
avec lui
il me tient
avec lui
il me tient
dans sa main


Mon crâne
me brûle
doucement
mon corps
bouge
pour lui
dimension
parallèle
dans ce bar
bondé
je suis seule
presque seule
exclusive
et promise
je suis libre
et soumise
à ses vers
timbrés mat
et mes joues
écarlates
balayent
le vide
qui s'emplit
qui s'enflamme
à
Padam, Padam, Padam, Padam, Pam Pam



Dans les écouteurs d'Emma : "Padam" - Album "La Superbe" - Benjamin Biolay - 2010













1 commentaire:

  1. maman1.7.11

    fan fan fan aussi !!! du texte et de BB of course ...

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